Notre action
et
Rapport d’avancement
Cette terre hautement dégradée a besoin d’aide !
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Avant tout: l’observation
Education aux nouvelles pratiques
Notre action, version courte
1) Travailler au plus près de Masaïs pour les accompagner dans l’adoption de pratiques pastorales régénératrices.
2) Education écologique des jeunes dans les écoles de la région.
3) Dialogue avec toutes les autres parties prenantes de la région pour encourager une prise de conscience quant aux effets positifs du pâturage régénératif.
Après seulement 3 mois de repos: plus de sol nu et diversité de plantes. L’écosystème est résilient.
Suite à une mauvaise gestion qui a épuisé les herbes succulentes cette savane est dominée par Sporobolus pyramidalis, une herbe rejetée par les herbivores. Cette savane s’étouffe et ces vielles herbes seront brulées pour faire de la place aux nouvelles pousses avec des conséquences à long termes catastrophiques pour le sol et le climat. Concentrer brièvement un troupeau pendant la période de croissance permettrait à des herbes plus désirables de reprendre le dessus.
Notre action, version longue
Dans son livre Savannas of our birth Robin Reid explique que le pastoralisme est l’usage des sols le plus répandue à la surface de la terre mais que le nombre absolu de pastoralistes représente moins de 4 % de la population mondiale (moins de 250 millions de personnes dont plus de la moitié en Afrique). Dans ces régions, du fait de leurs topographies, de leurs sols, de leurs climats, ou d’autres facteurs, il n’y a généralement que le pastoralisme qui soit à même de transformer l’énergie solaire en produits agricoles consommables et par là à contribuer à l’économie locale. Malheureusement, la pression humaine et des pratiques pastorales qui ne tiennent pas compte des contraintes liées à l’écologie des herbes et des savanes y accentuent la désertification et tous les problèmes qui y sont liés.
Nous avons vu ailleurs que de diminuer le nombre d’herbivores utilisant une région qui se désertifie ne fait qu’accentuer cette tendance du fait que cela disrupte la symbiose herbivore-savane et que la bonne approche nécessite l’adoption de pratiques pastorales régénératrices qui ne peut se faire qu’avec la compréhension et la coopération des pastoralistes. Nous avons également vu que ces pratiques pastorales, en plus de combattre la désertification et donc la pauvreté, séquestrent d’énormes quantités de carbone sous forme de matière organique dans les sols. Leur adoption sur les vastes surfaces de la planète où le pastoralisme est pratiqué a donc un rôle primordial à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique et il est donc urgent de transmettre ces méthodes à tous les pastoralistes. A l’échelle mondiale, et à la vue des chiffres avancés par Reid et présentés ci-dessus, cela représente un effort qui semble tout à fait soutenable : accompagner 4 % de la population mondiale, souvent parmi les plus pauvres, dans l’adoption de pratiques pastorales régénératrices est une action tout à fait soutenable pour l’économie mondiale. Ce qui manque aujourd’hui c’est une prise de conscience que cette solution qui ne génère que des gagnants existe. Alors, qu’attendons nous, faites passer le mot et passons à l’action !
trop de sol nu, même dans le Masai Mara national reserve
Comment ce constat se traduit il pour nous et notre action dans le Masaï Mara ? Dans le Mara, le pastoralisme et le tourisme sont les deux principaux piliers économiques de la région et les deux dépendent de la productivité et donc de la santé de la savane. Malgré cela, force est de constater que cette santé est largement ignorée par les principales parties prenantes de la région. Les Masaïs pastoralistes, bien qu’ayant souvent conscience de la dégradation de leur milieu n’ont pas facilement accès à l’information ni au savoir faire qui leur permettraient d’inverser les tendances ; les « conservancies » (qui louent les terres des Masaïs) et le parc national Masai Mara National Reserve qui entre eux couvrent de très grandes parties du Mara, tirent leurs revenus du tourisme et sont plus souvent spécialistes de la faune sauvage que de l’herbe dont elle dépend; de même que pour la plupart des organisations internationales de conservation dont les activités sont plutôt axées sur la protection de la faune charismatique tels les prédateurs et les éléphants; même la Maasai Mara University, la seule université de la région, offre des diplômes sur la faune sauvage et le tourisme mais ne semble pas offrir de cours sur l’écologie et la bonne gestion des savanes. En fait, un grand nombre de ces parties prenantes voient les Masaïs et leur bétail comme la source de la désertification. Cette attitude est explicable par le rôle historique que ce bétail, dû à de mauvaises pratiques pastorales, a joué dans cette désertification. Malheureusement, cette attitude ne prédisposent pas ces parties prenantes à voir ce même bétail aujourd’hui comme en fait le seul outil à notre disposition pour régénérer la savane, les mouvements des grands troupeaux sauvage n’étant plus ce qu’ils furent et par conséquent plus à même de le faire.
Le Mara Grassroots Movement a pour objectif d’inverser cette situation et de faire prendre conscience de l’importance de l’herbe et de sa bonne gestion aux parties prenantes de la région. Notre action sur place est triple: sur le terrain au plus proche des propriétaires et des pastoralistes ; auprès des écoles de la région ; et auprès des autres parties prenantes de la région telles les gérants des conservancies et les représentants d’autres organisations.
SUR LE TERRAIN
2022
Lors des 3 mois d’études en 2021, 5 localités ont été identifiées où lancer des projets pilotes pour démontrer l’efficacité des méthodes envisagées. Suivant les rencontres et les possibilités qui peuvent encore s’ouvrir, il est possible que ce nombre évolue. Dans chacune de ces localités, Oscar vivra un temps sur place et participera à la vie de tous les jours, et tout particulièrement à la garde des troupeaux. Il pourra ainsi non seulement étudier et se familiariser avec les particularités géographiques et écologiques de chaque lieu, mais le contact journalier avec ses hôtes permettra également d’aborder les problèmes de désertifications et les principes du pâturage régénératif susceptibles d’y remédier et de les accompagner dans l’adoption de ces méthodes. Il est probable que dans la plupart des cas, ces solutions impliqueront que les troupeaux de toutes les familles avoisinantes soient regroupés pendant la journée en un même lieu de pâturage et qu’ils soient déplacés régulièrement et systématiquement selon les principes du pâturage régénératif. Bien que la plupart des Masaïs rencontrés aient montré un intérêt pour la régénération de leur savane, il est probable que de les convaincre à passer à l’acte et à changer de pratiques pastorales sera un des plus grands défis de notre action. Cela nécessitera du temps et de la patience.
2023 et après
Les résultats obtenus en 2022 feront office de démonstrations et permettront d’élargir le mouvement aux communautés avoisinantes qui, ayant pu constater les bienfaits du pâturage régénératif chez leurs voisins, voudront aussi l’adopter. Le mouvement devrait ainsi s’accélérer avec un effet boule de neige au fil des années au gré des prises de conscience. Il n’y aura alors aucune raison de le limiter au seul Mara. Il pourra être élargi à tout le pays Masaï, y compris en Tanzanie, à d’autres région du Kenya, à d’autres régions d’Afrique voire même du monde entier. Il est bon de noter ici qu’en anglais « grassroots movement » veut dire mouvement populaire et le nom de notre association, le Mara Grassroots Movement, joue donc sur ce mot du fait qu’il évoque aussi les racines des herbes dont la prolifération est primordiale au succès de notre action. Le Mara Grassroots Movement ce veut donc être un mouvement populaire auquel les propriétaires et éleveurs participent d’une manière tout à fait volontaire. Il faut donc également noter que mis à part les employés locaux de MGM qui serviront d’interprètes quand il le faudra mais surtout de facilitateurs, voire d’ambassadeurs auprès des Masaïs, il n’y aura aucune rémunération pour participer au programme. Des écosystèmes en meilleur santé et offrant plus de résilience aux aléas météorologiques, plus d’eau, plus de fourrage pour le bétail et pour la faune sauvage et donc plus de revenus, c’est là que résident les récompenses aux participants.
AUPRÈS DES ÉCOLES
L’éducation des jeunes est un axe important de notre action pour que ces nouvelles méthodes soient connues et qu’elles intègrent progressivement la culture des Masaïs. Nous travaillons déjà avec un directeur d’école, qui facilitera également les prises de contactes avec d’autres écoles. Des outils pédagogiques seront utilisés en classe et sur le terrain pour illustrer et démontrer les principes de bases de l’écologie de la savane et du pastoralisme régénératif.
AUPRÈS DES AUTRES PARTIES PRENANTES
Oscar est déjà en contact avec des dizaines d’acteurs locaux, que ce soit des gérants de conservancies, des rangers, des représentants d’autres organisations et associations, ou d’autres propriétaires et éleveurs. A chaque fois que cela sera possible, il continuera à engager le dialogue avec ces parties prenantes afin de continuer à encourager la prise de conscience nécessaire au changement de paradigme qui consiste à ne plus voir le bétail comme une source de problèmes mais comme la clé maitresse de la solution.
Rapport d’avancement — printemps 2022
Les points forts
- Effectué 18 présentations d’environ 2 heures chacune: 16 à des réunions communautaires et 2 dans des lycées devant environ 500 élèves.
- 5 rendez-vous avec les gérants de 4 “conservancies” couvrant plus de 150000 acres.
- 9 rendez vous avec des membres influents de la communauté.
- Une vingtaine de familles contrôlant environ 10.000 acres et 500 vaches à Intimi, Ngosuani, actuellement (été 2022) en train de lever des fonds pour acheter un boma (enclos) déplaçable dans lequel parquer les bêtes la nuit pour les protéger des prédateurs (budget requis d’environ 60.000 shillings kenyans, soit €600; 14.000 shilling déjà levés). Un programme de pâturage régénératif sera mis en oeuvre dès l’acquisition de ce boma.
Première presentation devant une réunion communautaire le 30 mars 2022.
Réunion communautaire le 11 may 2022
Au fil des jours
Oscar a été actif sur le terrain au Kenya pendant presque 3 mois durant la campagne de printemps 2022. Il est clair que les causes de la désertification et leur remède reste encore largement incomprises. Il a donc utilisé chaque rendez-vous, présentation et autre opportunité pour avancer le grand travail d’éducation qui reste encore à effectuer.
Les réunions communautaires se tenaient systématiquement en extérieur, souvent à l’ombre d’un arbre. Les participants y intervenaient librement dans les échanges d’une manière agréablement ouverte et démocratique. Oscar commençait ces présentations en demandant si l’audience était d’accord que les savanes du Mara étaient en meilleur état que par le passé. La réponse était systématiquement et unanimement négative.
La grande majorité des participants attribuait, correctement, la dégradation de la savane au surpâturage. C’est lorsque Oscar expliquait quelles étaient les vraies cause de ce surpâturage que le débat devenait vraiment intéressant. La plupart des participants, probablement plus de 80%, pensaient incorrectement que le surpâturage était la conséquence d’un nombre trop élevé d’animaux. S’inspirant de l’expérience même des Masais, Oscar développait alors des scénarios simplifiés pour démontrer que parce que les animaux broutent d’une manière sélective le surpâturage n’est pas tant une fonction du nombre d’animaux mais qu’il est une fonction du temps et qu’il y a surpâturage quand les animaux, quel que soit leur nombre, ont accès à une parcelle donnée pendant trop longtemps ou quand ils peuvent y revenir trop rapidement, avant que les plantes aient eu le temps de récupérer.
Quartiers généraux ambulants
Bureau éphémère avec une connection internet décente
C’est nouvelles informations animaient toujours l’audience: “Bien sûr que les vaches ont un bien meilleur sens de l’odorat que nous, elles sentent le lion à 30 mètres mais certainement pas nous! Bien sûr que cela leur permet de sentir et donc de choisir et de brouter les plantes qu’elles préfèrent, nous l’avons en fait déjà observé à maintes reprises, nous n’avions tout simplement jamais fait le lien! Bien sûr que de ce fait les plantes qu’elles préfèrent auront tendance à être sur-sélectionner et donc à disparaitre si nous les laissons brouter dans un même endroit pendant trop longtemps! Bien sûr!”
Amener chaque audience jusque là et la convaincre que pour renverser la tendance de leurs terres à la désertification il fallait abandonner les systèmes de pâturages individuels, de fait continus, et rassembler les petits troupeaux pour les faire brouter ensemble selon un planning bien défini s’avéra être le plus facile. Le plus dur, faire en sorte qu’une communauté mette en oeuvre ces nouvelles approches, restait encore à faire.
La meilleur manière de reverdir ces terres hautement dégradées à Ngosuani est d’y parquer un troupeau pendant la nuit dans un boma mobile (enclos): le boma protège des prédateurs et la concentration des déjections couplées à l’action des sabots régénèrent la terre.
Lycée de Aitong, le 2 juin 2022
C’est ce dernier point qui s’avéra être le plus problématique. L’investissement initial d’environ €500 pour un boma mobile et une petite hutte de nuit pour les gardiens est tout simplement trop élevé pour la majorité des communautés. Un tel boma est nécessaire car il permet non seulement aux bêtes de dormir protégées sur place mais est également le seul moyen de régénérer efficacement et économiquement les endroits les plus dégradés. De fait, 3 communautés avec lesquels Oscar est en contact n’ont, pour l’instant, pas pu joindre le programme du fait de cette problématique. Trouver des financements extérieurs pour ces bomas changerait vraiment la donne.
Résumé et conclusions:
- A chaque présentation, il était évident que les participants étaient conscients que leurs terres se dégradaient et qu’ils se sentaient impuissant à y remédier.
- Une fois que les bases écologiques de cette dégradation étaient expliquées il était facile d’amener les participants à comprendre et accepter les solutions.
- Le financement, en particulier l’achat d’un boma mobile (enclos), est l’obstacle majeur empêchant les communautés appauvries d’adopter des méthodes pastorales régénératrices.
- Trouver des fonds extérieurs permettant l’achat de ces bomas permettrait de progresser beaucoup plus rapidement.
Sur le terrain
Près de 5,000km parcourus avec le piki piki !
Aspects financiers de la campagne du printemps 2022 (en euros)
Frais de transport | 742 |
Achats équipements (moto, téléphone,…) | 1083 |
Déplacements locaux (bus, carburant,…) | 337 |
Frais de mission (hébergement, alimentation…) | 511 |
Autres charges externes | 159 |
Total | 2832 |
Mis à part l’achat d’un piki piki et d’un téléphone, les coûts pour la campagne du printemps 2022 ont été tenu à un minimum. Bien qu’il reste suffisamment de fonds pour financer la campagne de l’automne 2022, nous ne sommes malheureusement pas en mesure de financer l’achat des bomas mobiles (enclos) nécessaires à l’adoption de pratiques régénératrices dans la région. La plupart des communautés ont du mal à acquérir elles mêmes ces bomas et cela freine donc le mouvement. Merci de nous contacter si vous pensez que vous où des personnes de votre entourage sont susceptibles de pouvoir nous aider à ce sujet.

© MGM 2022
Mara Grassroots Movement, 7 rue de la Dame Jouanne, 77760 LARCHANT
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