Pâturage régénératif

 

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Avec le pâturage libre pratiqué traditionnellement

les herbes de la savane n’ont jamais le temps de se régénérer

Avec la présence de bétail à faible densité sur tout un territoire pendant de trop longues durées chaque nouvelle pousse se fait brouter et rebrouter et la plante finit par être épuisée.

savane épuisée en voie de désertification

SAVANE EN BONNE SANTé: DIVERSITé DE PLANTES ET SOL COUVERT ET PROTéGé

Le pâturage régénératif, mais qu’est ce que c’est ?

La version courte: la  concentration et le déplacement rapide du bétail

Le bétail de tout un territoire est concentré sur une petite surface où il ne reste que de quelques heures à quelques jours, surtout en période de croissance de l’herbe. Cette dernière aura ensuite le temps de se régénérer avant le retour des bêtes qui peut avoir lieu jusqu’à une année, voire plus, après.

Le pâturage régénératif, mais qu’est ce que c’est ?

La version longue :

Une savane en bonne santé est la conséquence d’une longue chaine d’interactions. Celle-ci est détaillée dans la section ci-après.

Il faut concentrer le bétail

Savane semblant verdoyante à l’horizon mais en fait comportant beaucoup de sol nu quand on y regarde de plus près

Avant tout, il est important de comprendre ce que l’on cherche à régénérer. Un sol à nu, c’est-à-dire non couvert et protégé par de la végétation, est un des symptômes d’une savane dégradée le plus facile à remarquer. Celle-ci peut bien apparaître verte quand on la regarde de loin mais comporter, en fait, un très grand pourcentage de sol à nu entre les plantes, quand on l’observe plus verticalement, à ses pieds. Quelles en sont les conséquences ? N’étant pas protégé, ce sol va être battu par les pluies et cuit par les rayons du soleil, il va se durcir et une croûte va se former à sa surface. Par rapport à un sol protégé par des plantes juste à côté et dont les racines retiennent la terre, il sera aussi souvent un peu en creux et c’est donc là que l’eau s’accumulera le plus en temps de pluies mais où, du fait du sol crouté elle aura plus de mal à s’infiltrer. Pour peu qu’il y ait de la pente, elle ruissellera, emportant avec elle des particules de sol et des débris végétaux qui couvraient la terre et alimentant ainsi potentiellement des inondations en aval.

Ensuite, le peu d’eau qui aura malgré tout infiltré la terre, sur peut-être quelques centimètres, s’évaporera dès que le soleil reviendra. C’est un phénomène qui est régulièrement observable dans les terres souvent très argileuses du Mara où les traces d’un orage ont souvent disparu dès la fin de la journée suivante : suite à un orage de la veille la terre colle encore au pied le matin mais elle sèche souvent complètement avant la fin de la journée. On se retrouve donc avec une pluviométrie qui ne bénéficie pas aux plantes et n’est donc pas effective. L’eau étant le facteur limitant principal pour la croissance des plantes il est donc primordial, pour régénérer une savane, de limiter toute perte d’eau en assurant une couverture maximale des sols par de la végétation, préférablement vivante, mais, à défaut, morte, sous forme de débris végétaux tombés des plantes avoisinantes. Le sol ainsi protégé ne sera pas battu par les pluies et ne sera pas surchauffé par le soleil. Il ne formera pas de croute, accueillera plus de microorganismes augmentant par là sa porosité et donc sa capacité à infiltrer et retenir de l’eau. Les plantes pousseront donc d’autant plus vigoureusement, produisant plus de matière végétale qui couvrira plus de sol : c’est le début d’un cercle vertueux. Moins de sol nu résulte en plus de végétation qui résulte en moins de sol nu et ainsi de suite.

Sol protégé par de la végétation vivante et morte

Herbes rases surpâturées et grandes touffes souspâturées

Sur une savane appauvrie comportant beaucoup de sol nu, et donc moins à même de nourrir les herbivores sauvages et domestiques, la tendance a été, depuis toujours, de conclure qu’il y avait trop d’animaux (sinon pourquoi y aurait-il de moins en moins d’herbe ?), et donc de réduire leur nombre, par abattage pour les herbivores sauvages.  Malheureusement, cette conclusion est basée sur une mauvaise compréhension des processus à l’œuvre et résulte généralement en une accélération de la tendance. En fait, que se passe t-il ? Il faut avant tout comprendre que les herbivores, domestiques ou sauvages, ne broutent pas au hasard.  Mis à part quand ils sont très jeunes ils prennent des bouchées d’herbe et d’autres végétations des milliers de fois par jour pendant toute leur vie et accumulent de ce fait une très grande expérience : ils ne connaissent peut être pas les noms scientifiques des plantes qu’ils mangent mais ils discernent avec précision celles qu’ils aiment de celles qu’ils n’aiment pas, celles qui leur font du bien des autres, celles qu’ils doivent rechercher de celles qu’ils doivent éviter et chaque bouchée est donc le résultat d’un choix. Pour illustrer comment ce choix peut se faire au détriment de la santé de la savane imaginons le scénario suivant : nous sommes pendant la saison des pluies, les plantes sont en pleine croissance, un grand nombre de vaches ont été retirées du pâturage suite à un constat de dégradation et nous avons deux plants d’herbes pérennes, plant A et plant B, qui poussent côte à côte et sont totalement identiques : même espèce, même âge, même taille, même succulence. Une vache se déplaçant avec son troupeau prend une bouchée du plant A au passage sans avoir le temps d’en prendre une également du plant B. Le plant A est donc diminué et devra reprendre sa croissance en utilisant entre autre une partie de l’énergie qu’il aura stocké dans ses racines. Le plant B, lui, continue de pousser dans sa lancée. Une semaine plus tard, une autre vache se retrouve au même endroit. Ce serait mieux pour le plant A si cette vache broutait maintenant une bouchée du plant B. Cela permettrait au plant A de récupérer un peu plus et n’impacterait pas trop le plant B du fait qu’il avait été épargné par la première vache. Malheureusement, ce n’est pas ce qu’il se passe. Le seconde vache va de nouveau prendre une bouchée du plant A parce que les nouvelles pousses générées par la première défoliation sont plus fraîches, plus riches en énergie, plus succulentes et plus délicieuses. Par conséquent le plant A doit de nouveau puiser dans ses réserves racinaires, avant même qu’il n’ait eu le temps de les combler. Entre temps, les feuilles du plant B sont moins appétentes du fait qu’elles ont vieilli un peu plus et la vache les ignore. Ce scénario se répète pendant toute la saison des pluies et le plant A s’en trouve ainsi surpâturé. Petit à petit il s’épuise, son système racinaire s’atrophie et, suivant les conditions, peut être pendant une période de sécheresse, il meurt, laissant la terre à nue derrière lui.

Pendant ce temps, que se passe-t-il avec le plant B ? En fait, il souffre aussi. Il devient de moins en moins appétant au fur et à mesure qu’il mûrit et de ce fait rien ne le broute. Il est en fait souspâturé. La savane prend alors un aspect où certaines herbes sont broutées à ras entremêlées à de grandes touffes que les herbivores délaissent. Ces touffes fleurissent, montent en graine, se dessèchent et la grande majorité de ses parties aériennes meurent.

Dans un milieu humide à l’année ces parties aériennes pourriraient, laissant la place aux nouvelles pousses de la saison suivante. Mais dans les régions où saisons sèches et saisons humides se succèdent, elles ont tendance à rester en place et à gêner les nouvelles pousses de la saison des pluies suivante qui doivent pousser au travers de cet enchevêtrement avant d’atteindre le soleil. Ces nouvelles pousses sont peut être appétentes mais les herbivores ont du mal à les atteindre du fait qu’elles sont empêtrées dans les pousses desséchées de la saison précédente. D’année en année, elles viennent s’ajouter aux anciennes, étouffant et fragilisant la plante.

Poussons maintenant ce scénario un peu plus loin: que se passerait il si le plant A et le plan B étaient de deux espèces différentes, avec le plant A préféré par les herbivores?  Il est assez facile de voir que, toutes choses égales par ailleurs, le plant A tendrait à disparaitre de l’environnement, laissant plus de place au plant B qui aura tendance à se multiplier.  Donc, non seulement le surpâturage aura tendance à faire disparaitre certaines plantes, il causera aussi la composition des plantes survivantes à changer.

La conclusion est que, même après avoir retiré un grand nombre de vaches du pâturage, certaines plantes restent surpâturées alors même que d’autres sont souspâturées. Maintenu année après année, ce régime mènera vers une dégradation de la savane, de plus en plus de plantes disparaitront, il y aura de moins en moins de biodiversité, il y aura de plus en plus de sol nu et d’érosion et de moins en moins d’infiltration et de rétention d’eau. Ce sont des processus bien connus de la désertification.

Quelle leçon pouvons-nous tirer de cet exemple ? Ce n’est pas parce qu’il y avait trop de vaches que les plants A et B ont été respectivement sur- et souspâturés. C’est parce que les quelques vaches présentes sont restées sur place trop longtemps, leur donnant la possibilité de brouter et re-brouter les mêmes plants de manière répétitive. Le sur et le souspâturage ne sont donc en fait pas une fonction du nombre d’herbivores dans un même lieu mais du temps pendant lequel ils y séjournent.

Imaginons deux autres scénarios pour illustrer cela plus en détail :

Une vache sur 1 hectare pendant 365 jours :

Comme vu précédemment cette vache choisira toujours les herbes les plus appétantes, c’est-à-dire la repousse des herbes qu’elle aura déjà brouté, tout en délaissant les autres. Une seule vache, même sur une grande surface, résultera donc toujours en du sur- et en du souspâturage.

Maintenant considérons 365 vaches sur 1 hectare pendant juste 1 jour :

La pression sur le pâturage, ramenée à l’année, est la même que précédemment, 365 vache/jours, mais les effets sur les plantes sont bien différents. Dans une telle situation il n’y a pas de surpâturage parce que chaque herbe broutée n’a pas le temps de repousser et de se faire rebrouter en une seule journée. Il y aura aussi beaucoup moins de sous-pâturage, la compétition entre les vaches assurant qu’elles broutent rapidement tout ce qui se trouve à leur portée. Les plantes sont donc broutées d’une manière plus homogène et même les plantes non broutées de la saison précédente vont être soit mangées soit piétinées. Ce piétinement, qui est bien mieux réparti sur toute la surface du pâturage brise, de plus, la croûte du sol qu’il pourrait y avoir, facilitant la pénétration des eaux de pluies. Il assure aussi un meilleur contact entre toute graine dormante présente avec le sol, facilitant leur germination. Enfin, les vaches, n’ayant pas d’autre choix du fait de leur nombre, s’éparpilleront sur toute la surface de la parcelle assurant que leurs déjections et les bienfaits qu’elles fournissent seront également réparties sur la totalité de la parcelle. La savane, bien que ponctuellement très impactée par cet événement, s’en trouve en fait régénérée et pourra récupérer et repartir de plus belle pendant les 364 jours restants.

Et le pâturage régénératif dans tout ça ?

Ni le surpâturage ni le souspâturage sont donc fonction du nombre d’herbivores sur une surface donnée, mais sont bien fonction du temps pendant lequel ces herbivores y séjournent. Malheureusement, le pastoralisme tel qu’il est souvent pratiqué aujourd’hui ne tient pas compte de ces contraintes. Trop souvent le bétail, à faible densité, a accès aux mêmes pâturages pendant de trop longues périodes et sans qu’aucun effort ne soit fait pour les concentrer. C’est la définition même du pâturage extensif et les animaux ont amplement le temps de choisir les herbes et autres plantes qu’ils préfèrent, les épuisant, et délaissent les autres herbes qui s’étouffent.

Il est bon de noter que les scénarios ci-dessus montrent également que si les herbivores ont, bien évidemment, besoin de la végétation qui pousse dans la savane pour survivre, la savane n’en a pas moins besoin d’eux pour se régénérer. C’est en fait une symbiose qui a été affinée pendant des millions d’années d’évolution : depuis toujours les grands troupeaux sauvages restent concentrés pour échapper aux prédateurs et se déplacent dès qu’il n’y a plus d’herbe et que l’accumulation de leurs déjections leur devient insupportable. Et depuis toujours la savane a été régénérée par ces mouvements. En fait, le scénario ci-dessus, où 365 vaches sont concentrées pendant une journée avant d’être déplacées, ne fait ni plus ni moins que de reproduire cette relation. Une autre implication qu’il est également bon de noter est que de retirer complètement les herbivores domestiques d’une savane pour la protéger, comme cela peut se faire par exemple dans certains parcs nationaux, n’aura pas forcément les résultats escomptés.

Ces éléphants ne sont pas là par hasard: cette savane en bonne santé leur fournie la nourriture dont ils ont besoin.

C’est donc cette symbiose primordiale entre la savane et les herbivores que le pâturage régénératif étudie et cherche à répliquer. Chaque situation est différente et demande une approche faite sur mesure, mais le fil directeur est toujours de concentrer les troupeaux, de les déplacer rapidement (suivant les cas entre quelques heures et un maximum d’environs 4 jours en saison des pluies pour ne pas laisser le temps à l’herbe de repousser et d’être rebroutée), et ensuite de ne pas revenir au même endroit avant que les plantes aient pu récupérer. Il n’y a donc plus de pâturage extensif. Les mêmes principes s’appliquent pendant les saisons sèches mais les contraintes de temps sont moins exigeantes du fait que les plantes sont en dormance et sont donc moins susceptibles d’être surpâturées.

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